Le quinoa : vous n'imaginez pas le coût de l'or des Andes

Le symbole de la nourriture healthy

Cultivé depuis 5.000 ans, le fameux "or des Andes" est devenu le symbole de la healthy food. En 2015, la production mondiale s'élevait à 229 millions de tonnes, soit plus de 7 kg par seconde !

Riche en nutriments, cette céréale est majoritairement produite en Bolivie et au Pérou. En France, on en consomme 6.000 tonnes par an en 2017 selon la FAO.

Champs de quinoa — Crédit : la ruche qui dit oui

Une explosion des prix du quinoa...

En 2013, "année du quinoa" selon l'ONU qui la voyait comme une céréale qui pouvait lutter contre l'insécurité alimentaire mondiale, la demande explose : nombreux sont ceux qui s'improvisent producteurs de quinoa, pensant gagner beaucoup d'argent. Ils défrichent à tout va et abandonnent aussi les élevages de lamas : c'est l'apparition de la monoculture.

Mais de nombreux pays flairent alors le bon coup : plus de 90 pays, dont les Etats-Unis et la Chine, se mettent alors à produire du quinoa, et l'offre explose.

Trois lamas dans un champ. — Crédit : voyage-perou.com

...puis une chute vertigineuse !

Problème : le prix du quinoa s'effondre et les petits producteurs en paient le prix, les Boliviens vendant même souvent à perte.

Ceux qui s'étaient improvisés producteurs abandonnent leurs monocultures et retournent dans les villes, laissant derrière eux une flore complètement déséquilibrée...

En Bolivie, pays où 50% des habitants vivent sous le seuil de pauvreté, 250.000 personnes vivent de cette céréale. Elle est aussi la principale source de revenus pour les habitants du sud du pays. Mais les prix dans les supermarchés locaux sont devenus tellement chers que les populations locales ne peuvent plus se l'offrir, se cantonnant aux pâtes et au riz.

Boliviens qui récoltent du quinoa dans un champ. — Crédit : reuters

La culture péruvienne de quinoa ravagée par les produits chimiques

Au Pérou, elle est cultivée de manière intensive : il y a trois récoltes par an et un usage abusif de nombreux produits chimiques pour augmenter la production.

Si le quinoa pousse dans les zones montagneuses, certains producteurs le font pousser à basse altitude et arrosent le tout de pesticides, pour qu'il pousse tout aussi vite que dans son environnement naturel.

En 2014, les USA ont renvoyé des centaines de tonnes de quinoa provenant du Pérou car le taux de pesticides était beaucoup trop élevé...

D'ailleurs, quand les Boliviens récoltent 500 kg de quinoa par hectare, les Péruviens en récoltent 7.500 ! Vous comprenez bien que sans produits chimiques, c'est tout bonnement impossible !!

Champ de quinoa rouge dans les montages des Andes.

Du quinoa européen ?

En Europe, la France et l'Espagne produisent aussi du quinoa, de manière mécanique.

La question se pose alors : vaut-il mieux acheter du quinoa bio mais qui a voyagé, au risque d'exploser l'empreinte carbone, ou acheter du quinoa local, produit de manière mécanique et donc consommant aussi beaucoup d'énergie ?

Il vaut mieux faire voyager du quinoa sur 10 000 km qui aura été produit suivant des pratiques agroécologiques bio que produire localement de manière mécanisée.
Didier Bazile, agroécologue au CIRAD ayant effectué de nombreuses recherches sur le quinoa, Estime que ne pas produire bio a un fort coût social et environnemental.

Pied blanc sur une forêt, symbole de l'empreinte carbone. — Crédit : easyrecyclage.com

Marché noir et trafic sous le manteau

Si vous trouvez du quinoa péruvien labellisé bio, méfiez-vous... À la frontière Bolivie-Pérou, un vrai trafic se met en place : certains producteurs Boliviens vendent leurs récoltes aux Péruviens sous le manteau... Les Péruviens le mélangent ensuite à leur production et le labellisent bio. Ce trafic représenterait même jusqu'à un quart de leur production !